dimanche 5 juin 2011

La pseudo-tradition de Laurent James 2

 
Ce personnage grotesque a déjà été évoqué ici :

Dans un autre article, intitulé parodiquement "Orient et Occident", où il veut encore amalgamer ses délires avec René Guénon :
Laurent James a écrit :
 Les analyses de René Guénon se glissent aujourd’hui dans nos veines brûlantes de radicalité métapolitique.
(passons sur la confusion entre analyse et synthèse, et sur la "radicalité métapolitique", qui doit sûrement vouloir dire quelque chose...)


il fait plusieurs déclarations qui donnent l'occasion de faire encore quelques précisions :
  • Laurent James a écrit :
c’est l’union des spiritualités qui permettra de renverser l’Empire du Non-Etre.

Cette citation est tellement ridicule que seuls le caractère général de contrefaçon et le succès du discours dont elle fait partie justifient de rappeler à quoi correspond en réalité le Non-Être.
René Guénon a écrit :
Cela posé, si l’on définit l’Être, au sens universel, comme le principe de la manifestation, et en même temps comme comprenant, par là même, l’ensemble de toutes les possibilités de manifestation, nous devons dire que l’Être n’est pas infini, puisqu’il ne coïncide pas avec la Possibilité totale ; et cela d’autant plus que l’Être, en tant que principe de la manifestation, comprend bien en effet toutes les possibilités de manifestation, mais seulement en tant qu’elles se manifestent. En dehors de l’Être, il y a donc tout le reste, c’est-à-dire toutes les possibilités de non-manifestation, avec les possibilités de manifestation elles-mêmes en tant qu’elles sont à l’état non-manifesté ; et l’Être lui-même s’y trouve inclus, car, ne pouvant appartenir à la manifestation, puisqu’il en est le principe, il est lui-même non manifesté. Pour désigner ce qui est ainsi en dehors et au delà de l’Être, nous sommes obligé, à défaut de tout autre terme, de l’appeler le Non-Être ; et cette expression négative, qui, pour nous, n’est à aucun degré synonyme de « néant » comme elle paraît l’être dans le langage de certains philosophes, outre qu’elle est directement inspirée de la terminologie de la doctrine métaphysique extrême-orientale, est suffisamment justifiée par la nécessité d’employer une dénomination quelconque pour pouvoir en parler, jointe à la remarque, déjà faite par nous plus haut, que les idées les plus universelles, étant les plus indéterminées, ne peuvent s’exprimer, dans la mesure où elles sont exprimables, que par des termes qui sont en effet de forme négative, ainsi que nous l’avons vu en ce qui concerne l’Infini. On peut dire aussi que le Non-Être, dans le sens que nous venons d’indiquer, est plus que l’Être, ou, si l’on veut, qu’il est supérieur à l’Être, si l’on entend par là que ce qu’il comprend est au delà de l’extension de l’Être, et qu’il contient en principe l’Être lui-même. Seulement, dès lors qu’on oppose le Non-Être à l’Être, ou même qu’on les distingue simplement, c’est que ni l’un ni l’autre n’est infini, puisque, à ce point de vue, ils se limitent l’un l’autre en quelque façon ; l’infinité n’appartient qu’à l’ensemble de l’Être et du Non-Être, puisque cet ensemble est identique à la Possibilité universelle.
 Les états multiples de l'Être, chapitre III - L’Être et le Non-Être



  • Laurent James a écrit :
Orient contre Occident 

René Guénon a écrit :
En effet, tout ce que nous avons dit représente fidèlement, non seulement notre propre pensée, qui n’importe guère en elle-même, mais aussi, ce qui est bien plus digne de considération, le jugement que l’Orient porte sur l’Occident, lorsqu’il consent à s’en occuper autrement que pour opposer à son action envahissante cette résistance toute passive que l’Occident ne peut comprendre, parce qu’elle suppose une puissance intérieure dont il n’a pas l’équivalent, et contre laquelle nulle force brutale ne saurait prévaloir. Cette puissance est au delà de la vie, elle est supérieure à l’action et à tout ce qui passe, elle est étrangère au temps et est comme une participation de l’immutabilité suprême ; si l’Oriental peut subir patiemment la domination matérielle de l’Occident, c’est parce qu’il sait la relativité des choses transitoires, et c’est parce qu’il porte, au plus profond de son être, la conscience de l’éternité.
Orient et Occident, chapitre III - La superstition de la vie

Ce n'est point être « anti-occidental », si l'on peut employer ce mot, que d'être résolument « antimoderne », puisque que c'est au contraire faire le seul effort qui soit valable pour essayer de sauver l'Occident de son propre désordre ; et, d'autre part, aucun Oriental fidèle à sa propre tradition ne peut envisager les choses autrement que nous ne le faisons nous-même ; il y a certainement beaucoup moins d'adversaires de l'Occident comme tel, ce qui d'ailleurs n'aurait guère de sens, que de l'Occident en tant qu'il s'identifie à la civilisation moderne. Quelques-uns parlent aujourd'hui de « défense de l'Occident », ce qui est vraiment singulier, alors que, comme nous le verrons plus loin, c'est celui-ci qui menace de tout submerger et d'entraîner l'humanité entière dans le tourbillon de son activité désordonnée ; singulier, disons-nous, et tout à fait injustifié, s'ils entendent, comme il le semble bien malgré quelques restrictions, que cette défense doit être dirigée contre l'Orient, car le véritable Orient ne songe ni à attaquer ni à dominer qui que ce soit, il ne demande rien de plus que son indépendance et sa tranquillité, ce qui, on en conviendra, est assez légitime.
La crise du monde moderne, chapitre II - L'opposition de l'Orient et de l'Occident



  • Laurent James a écrit :
la réalité physique et concrète de ce combat inaugurateur de l’Ere du Verseau commence à prendre chair dans les rues de notre pays.

Et il y associe Guénon encore plus explicitement dans cet autre article :
La politique devient enfin sérieuse - c'est-à-dire métaphysique. Tout jeune homme moderne ayant un tant soit peu lu Péguy se doit d'être radicalement concerné par le mouvement lancé par Dieudonné, Alain Soral et Yahya Gouasmi. Un autre Yahya aurait été heureux d'assister à cette inauguration de la désoccidentalisation de l'Europe : je veux parler du Shaykh Abd-al-Wâhid Yahyâ, ce soufi de l'école de la Shâdhiliyya autrement connu sous le nom de René Guénon. Il aurait su y déceler ce qu'il y a d'important : les prémices révolutionnaires de l'Ere du Verseau.
https://parousia-parousia.blogspot.com/2009/04/la-revolution-metaphysique-est-en.html

René Guénon a écrit : 
dans les comptes rendus de livres du Théosophisme :

Bien entendu, quand on en vient aux temps actuels, on retrouve encore les interventions de la « Grande Loge Blanche », l’avènement de l’« ère du Verseau », et autres choses qui ne nous sont que trop connues ; aussi, quand l’auteur parle « des Pouvoirs ténébreux qui nous mènent et de leurs perspicaces méthodes », ne peut-on qu’exprimer très sincèrement le regret qu’il soit si loin de faire preuve d’une perspicacité égale à la leur et de discerner leur action partout où elle s’exerce véritablement !
Décembre 1936, Gabriel Trarieux d’Egmont – Le Thyrse et la Croix
 
Nous avons déjà eu parfois l’occasion de signaler la singulière obsession que constituent, pour certains de nos contemporains, les prétendues « prophéties » en général et l’annonce de la prochaine « ère du Verseau » en particulier. Ce livre se rattache encore à ce genre de préoccupations ; il s’y trouve d’ailleurs peu de nouveau, car la plupart des choses qu’il contient avaient déjà été dites par l’auteur dans ses articles d’Atlantis. Nous noterons seulement qu’il se pose plus que jamais en héritier et en continuateur du Hiéron de Paray-le-Monial, ce dont il n’y a peut-être pas trop lieu de le féliciter, car, s’il y eut, dans ce « centre d’ésotérisme chrétien » d’un caractère assez spécial, certaines idées intéressantes, il y eut encore bien plus de rêveries : l’imagination de M. de Sarachaga était presque aussi fertile que celle de M. Paul Le Cour lui-même ! C’est d’ailleurs de là que ce dernier a tiré la fameuse théorie d’Aor-Agni, dans laquelle il a vu une révélation prodigieuse, et dont il croit maintenant retrouver la trace dans les noms et les mots les plus variés ; mais nous avons déjà assez parlé précédemment de toutes ces fantaisies pour ne pas y revenir plus longuement. Essayant de répondre aux objections que nous avons soulevées contre l’association de ces deux termes Aor-Agni, M. Paul Le Cour fait remarquer d’abord qu’« il existe beaucoup de termes composés de mots de langues différentes » ; c’est vrai pour les langues modernes, bien que les linguistes n’admettent d’ailleurs pas volontiers ce procédé de formation hybride, qu’ils regardent avec raison comme fort incorrect ; mais, en ce qui concerne les langues sacrées, une pareille chose est tout à fait impossible. Ensuite, il ajoute « qu’il ne voit pas sur quoi reposerait l’interdiction de voir dans le feu la lumière Aor et la chaleur Agni » ; malheureusement, ce que nous avons dit et ce que nous maintenons, c’est que, si Aor est bien en effet la lumière en hébreu, Agni, en sanscrit, n’est point seulement la chaleur, mais bien le feu lui-même, à la fois lumière et chaleur ; alors, que peut bien valoir une telle réponse ? - Il y a aussi dans ce livre une curiosité que nous regretterions de ne pas signaler : dans un endroit (p. 67), le début de l’ère juive est fixé à 4 000 ans avant l’ère chrétienne (ce qui est une confusion pure et simple avec l’ère maçonnique), et, dans une autre (p. 139), à 4320 ; l’auteur ferait bien de se mettre tout au moins d’accord avec lui-même ; mais ce qui est le plus fâcheux, c’est que ni l’une ni l’autre de ces deux indications n’est exacte, car ladite ère juive commence en réalité 3761 ans avant l’ère chrétienne !
Décembre 1937, Paul le Cour – L’Ere du Verseau (L’Avènement de Ganimède)

L’auteur a manifestement une foi robuste en les « Maîtres » de la trop fameuse « Grande Loge Blanche », en la valeur de la « clairvoyance », en la « réincarnation », et aussi… en la prochaine « ère du Verseau », et ses conclusions s’en ressentent fortement ; c’est dire qu’il y a peu à en retenir pour ceux qui ont de bonnes raisons de ne pas partager de semblables convictions et qui tiennent avant tout à ne pas confondre la tradition avec ses contrefaçons.
Juillet 1938, Gabriel Trarieux d’Egmont – La Vie d’outre-tombe


De nos jours l' "ère du Verseau" est toujours un fond de commerce juteux sur le marché des néo-spiritualités...

2 commentaires:

  1. hahaha comme vous je butte sur ses tournures de phrases... "radicalité métapolitique" bref bcq de charabia...
    C'est génial de voir que vous soulignez ces choses là;-) En plus vous êtes drôle! Jocelyne

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  2. Merci à vous, ces articles sont un peu vieux, tant mieux s'ils sont encore utiles.

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